Malgré des incidents réguliers sur le volet cyber, la transformation numérique fait son chemin dans le domaine de la santé. Hôpitaux, cliniques, organismes de recherche et mutuelles sont désormais confrontés à des enjeux majeurs : garantir la confidentialité des données sensibles, respecter des contraintes réglementaires strictes et mettre en place des systèmes fiables pour stocker, traiter et partager ces informations entre différents acteurs. Dans ce contexte, la e-santé s’impose comme une opportunité de modernisation, autant pour les entreprises que pour les collectivités publiques…à condition de bien gérer la sécurité et la conformité des données.
Les fondations de la digitalisation en e-santé
Comme la plupart des secteurs, la santé est donc en pleine mutation digitale, et les acteurs ont besoin d’échanger des données fiables, à jour et facilement accessibles.
Objectif : améliorer la qualité des soins, la prise en charge du patient, et la coordination entre les différents professionnels de santé (médecins généralistes, spécialistes, laboratoires, etc.).
Cette nécessité se heurte toutefois à un impératif : garantir la confidentialité et la sécurité de ces informations, qui figurent parmi les plus sensibles qu’on puisse manipuler.
Des exigences spécifiques pour les données de santé
Les données de santé sont régies par des réglementations strictes comme le RGPD au niveau européen, sans oublier les dispositions nationales (en France, par exemple, la CNIL veille au respect des normes). Leur confidentialité est extrêmement importante, car elle touche au domaine privé du patient, et toute violation peut engendrer des conséquences graves, tant sur le plan éthique que juridique.
Dès lors, les solutions numériques adoptées doivent respecter des standards élevés de sécurité, qu’il s’agisse du stockage, du transport ou du traitement de ces données.
Hébergement cloud agréé pour les données de santé (HDS)
Le HDS (Hébergement de Données de Santé) fait référence à un cadre réglementaire fixé pour héberger des données de santé en toute conformité. Concrètement, cela signifie que l’hébergeur doit respecter des normes très strictes en matière de sécurité et de confidentialité, lui permettant ainsi d’accueillir des informations médicales sensibles (dossiers patients, résultats de tests, etc.) sans risque majeur de violation.
Cette démarche devient indispensable pour les acteurs de la santé, qu’ils soient publics ou privés, car un hébergement non agréé ou non conforme pourrait entraîner de sévères sanctions.
Avantages du cloud agréé
En choisissant un cloud conforme HDS, les organisations concernées bénéficient de plusieurs avantages :
- 1. Flexibilité : La possibilité d’augmenter ou de diminuer rapidement la capacité de stockage et de traitement en fonction des besoins.
- 2. Accessibilité : Les professionnels de santé, où qu’ils se trouvent, peuvent consulter les données dont ils ont besoin (sous réserve des droits d’accès), ce qui facilite la coordination et la continuité des soins.
- 3. Évolutivité : Les solutions HDS peuvent être adaptées aux évolutions technologiques, sans nécessiter des réinvestissements lourds en matériel ou en infrastructures.
Le choix des fournisseurs
Pour choisir un fournisseur d’hébergement HDS fiable, plusieurs critères entrent en jeu :
- La réputation et l’expérience de l’hébergeur en matière de cybersécurité.
- Les certifications détenues (ISO 27001, ISO 27017 pour le cloud, ISO 27018 pour la protection des données personnelles, etc.).
- L’existence de garanties contractuelles solides, couvrant la responsabilité en cas de faille ou d’incident de sécurité.
- La localisation des datacenters et la législation applicable (généralement, privilégier un stockage sur le territoire national ou européen simplifie la conformité au RGPD).
A savoir que la certification HDS est basée sur la norme ISO 27001 et intègre des mesures complémentaires liées à la protection des données de santé et au respect du droit des patients.
Sécurité des données et cybersécurité en e-santé
Comme évoqué en début d’article, le secteur de la santé est particulièrement ciblé par des menaces comme les ransomwares (logiciels de rançon), le vol de données (piratage de dossiers médicaux) ou encore les attaques par phishing.
Les informations contenues dans ces bases de données sont extrêmement précieuses pour les cybercriminels, notamment parce qu’elles permettent de constituer des profils complets (identité, données bancaires, antécédents médicaux…) qui peuvent être revendus ou exploités à des fins malveillantes.
Pour parer à ces risques, plusieurs bonnes pratiques sont à adopter :
- Chiffrement des données, en transit comme au repos, afin de rendre leur lecture impossible sans la clé adéquate.
- Authentification multifactorielle, qui renforce la sécurité en exigeant au moins deux facteurs de vérification (mot de passe + code SMS, par exemple).
- Mises à jour régulières des systèmes d’exploitation et des logiciels pour combler les vulnérabilités.
- Ségrégation des réseaux, permettant de cloisonner les accès selon les profils utilisateurs, afin de limiter la propagation d’éventuelles attaques.
L’importance des audits et de la surveillance continue
La cybersécurité n’est pas un point à cocher une fois pour toutes : elle s’entretient et se surveille. Les acteurs de la santé ont donc tout intérêt à réaliser des audits réguliers de leurs infrastructures et processus, ainsi qu’un monitoring permanent pour repérer rapidement toute anomalie.
Pour aider les entreprises de la santé à obtenir une meilleure lisibilité et de mieux contrôler leur SI, certains éditeurs se sont penchés sur le sujet de la cartographie des SI.
Protection des données personnelles : conformité et RGPD
Le RGPD (pour « Règlement Général sur la Protection des Données ») a profondément modifié la manière dont les organisations européennes gèrent les informations personnelles. Pour la e-santé, le RGPD s’ajoute à des textes sectoriels spécifiques qui renforcent encore les exigences de protection.
Les principes clés du RGPD (transparence, limitation de la finalité, minimisation des données, etc.) s’appliquent avec une rigueur toute particulière dans le domaine médical, où, encore une fois, les données sont considérées comme très sensibles.
Respecter ces normes implique :
- Une cartographie des données traitées (quelles données, où sont-elles stockées, qui y a accès ?).
- L’instauration de processus (notifications de failles, consentement du patient, droit à l’oubli lorsqu’applicable, etc.).
- La mise en place d’un DPO (Data Protection Officer) ou « référent RGPD », chargé de veiller au respect des règles et d’interagir avec les autorités de contrôle.
Sensibilisation et formation des acteurs
Bien évidemment, aucune politique de sécurité ne peut être efficace sans formation adéquate des équipes. Les professionnels de santé doivent être informés des risques (phishing, mots de passe partagés…), tandis que les équipes informatiques doivent maintenir un niveau d’expertise élevé en matière de protection des données.
Les bonnes pratiques de base, comme verrouiller sa session ou ne pas utiliser de clés USB non vérifiées, sont parfois négligées, alors qu’elles peuvent faire la différence pour éviter un incident de sécurité.
Comment les collectivités et les organismes publics de santé améliorent l’accès aux soins grâce à la digitalisation
Amélioration des services de santé
La digitalisation offre des possibilités incroyables pour améliorer la qualité et la rapidité des soins. Les données sont partagées entre plusieurs professionnels, réduisant les doublons et les erreurs. Les dossiers sont accessibles en ligne, facilitant le suivi du patient, où qu’il se trouve. Par conséquent, on constate souvent une hausse de l’efficience dans les parcours de soin et une meilleure coordination entre les différents interlocuteurs.
Simplifier les démarches administratives
Inscription dans un service hospitalier, remboursement des actes, prise de rendez-vous… tout cela peut être facilité via des téléservices et des portails usagers. Les collectivités et organismes publics de santé, en adoptant ces outils, fluidifient la gestion de la relation usager, limitent les déplacements inutiles et permettent de réduire les files d’attente.
Faciliter la coordination
Les professionnels de santé peuvent s’appuyer sur des plateformes numériques pour coordonner leurs interventions (suivi post-opératoire, partage de documents médicaux, discussions sécurisées, etc.).
Avec l’échange d’informations en temps réel, le risque d’erreur diminue et le patient se retrouve (théoriquement) au cœur d’un écosystème plus harmonieux et réactif.
Sécuriser et anonymiser les données sensibles
Dans un contexte où des milliers de données transitent chaque jour, il est essentiel d’anonymiser (ou du moins pseudonymiser) les informations les plus sensibles, notamment lorsqu’il s’agit de statistiques ou d’études.
Les infrastructures HDS évoquées plus haut, combinées à des protocoles de sécurité élevés, assurent justement cette protection indispensable.
L’impact d’une santé connectée pour les collectivités
Pour les collectivités, la santé connectée est un outil puissant qui permet de conjuguer performance (meilleure efficience des soins, réduction des coûts…) et inclusion (accès à tous, simplification des démarches…).
L’intelligence artificielle dans la santé : comment préparer les équipes au changement ?
L’IA n’est plus vraiment un concept abstrait puisqu’elle est déjà à l’œuvre dans nombre d’établissements. Les algorithmes d’IA permettent d’analyser des images médicales avec une précision parfois supérieure à celle de l’œil humain, de proposer des diagnostics plus rapides, ou encore de détecter des facteurs de risque dans les dossiers patients. Tout cela génère un gain de temps considérable pour les professionnels de santé, et contribue à améliorer la qualité des soins.
Malgré tout, l’adoption de l’IA n’est pas sans susciter des interrogations :
- Perte d’autonomie : certains craignent une trop grande dépendance aux machines.
- Obsolescence des savoir-faire : la peur que l’intelligence artificielle remplace, à terme, le professionnel de santé.
- Éthique : la question de la responsabilité en cas d’erreur algorithmique, ou la crainte d’une discrimination dans les calculs.
Accompagner la transition pour atténuer les craintes
Pour que l’IA s’intègre au mieux, les équipes doivent être rassurées, formées et impliquées dans le processus de déploiement.
L’IA devient alors un soutien plutôt qu’une menace, et les compétences humaines restent centrales pour interpréter, valider et humaniser les décisions médicales.
Un phénomène amené à progresser, plus efficacement
La transformation numérique en e-santé est déjà bien entamée et ne fera que s’accentuer dans les années à venir. Entre HDS, protection des données, cyber et IA, il s’agit pour les entreprises, les collectivités et les organismes de santé de repenser leurs pratiques avec une vision globale et les bons objectifs.
Réussir cette transition passe forcément par la combinaison de technologies fiables, d’une gouvernance rigoureuse et d’une culture de la formation continue. Les collectivités, comme les entreprises, doivent donc s’engager dans une dynamique de transformation sécurisée et durable, afin de garantir la pérennité des innovations numériques et l’adhésion de tous les acteurs (professionnels, patients, citoyens).